BIO / CONTACT
Artiste bourguignon venu au pays d’M pour y terminer mes études, j’ai immédiatement été surpris par le décalage entre ce que ses résidents nomment le village et l’activité féroce qui y règne. Si cela m’avait gêné je serais parti, en réalité j’étais curieux. Mon regard sur la société s’est ainsi renouvelé et ma démarche engagée a accordé une attention importante à ce micro-état. Ma critique territoriale est le reflet d’un monde où les jeux de pouvoir sont inaccessibles, où la notion de perte est devenue un refrain quotidien. Ainsi je mets en cause notre responsabilité collective possible par une mise en forme universalisant les métamorphoses de l’espace urbain et les macro-dynamiques.
En observant ce territoire méditerranéen extrême j’ai tenu le rôle de l’explorateur d’une destination si proche pour un français qu’elle manquait presque d’exotisme artistique ! Le pays d’M s’étend sur une superficie de 2 km2, il subit des transformations rapides c’est pourquoi mon intention a été d’en révéler les éléments disparaissants ou invisibles. J’ai ressenti également le besoin de faire usage du récit existentialiste de Samuel Beckett, le Dépeupleur, afin d’interroger l’effet du comportement collectif et exécutif sur le devenir de l’individu.
En résultent les vestiges aseptisés d’un paysage saturé, des surfaces imperméables, des sculptures sonores qui clament leur existence et des images virtuelles qui dans le monde réel ne correspondent plus à rien. Spectateur épris d’un doute mélancolique face à un monde en pleine reconfiguration, j’imagine son avenir et formule des scénariosc. Qu’il s’agisse du pays d’M ou de tout autre territoire aux mutations rapides, j’ai conscience que ma voix importe peu dans les processus en cours, mais je m’infiltre et compte sur une réaction extérieure avant de prochaines pertes.
En 2015, après 5 années de voyages pendulaires Nice / pays d’M, j’ai décidé
de m’éloigner pour vivre en Lorraine. Ce second mouvement de recherche est stimulant, il m’incite à étendre mon regard critique et expérimenter de nouvelles techniques. Je m’intéresse aujourd’hui au devenir du lien social en entreprise : X le cheval nippon et Open Space sont des réflexions sur l’épuisement au travail conçues comme des mises en garde bienveillantes.
Je suis également attentif à des territoires urbains dont les transformations me permettraient de répéter les séries conçues au pays d’M à commencer par Blanked Out ! et d’imaginer de nouveaux dispositifs.
L'enjeu suivant est celui d'une résidence en Martinique en 2017 dans le cadre du programme Création en cours (plus d'informations dans Actu / Expositions).
Faire état de l’avancée trouble de la société contemporaine ainsi que du territoire qu’elle manipule c’est relater toujours plus de tensions et de rapprochements, des pertes et des progrès. Aujourd’hui j’aimerais arpenter de nouveaux espaces afin de comprendre les différents acteurs du bouleversement actuel et signaler les effacements proches.